Fonds-Verrettes, 16 déc. 2013 [AlterPresse] --- Ils fuient la
terreur, l’inconnu. Parfois, ils oublient d’emporter leurs affaires.
Depuis le 22 novembre dernier, des Haïtiens et Haïtiennes quittent en
catastrophe la République Dominicaine, craignant des représailles après
des assassinats de compatriotes. Beaucoup débarquent à Fonds Verrettes,
commune du département de l’Ouest, à plus de soixante-dix kilomètres de
Port-au-Prince.
« J’ai quitté la Dominicanie suite au meurtre de plusieurs Haitiens le 22 novembre après la découverte des corps de deux Dominicains morts assassinés par des individus non identifiés à Neiba en République Dominicaine », déclare Orisma Joseph, rencontré à Grosse Marre (localité de Fonds-Verrettes), la semaine écoulée.
Selon lui, la violence planerait encore sur cette ville dominicaine.
D’autres comme lui, qui ont choisi la fuite, ont à peine réuni quelques
affaires avant leur départ.
« J’ai fait plusieurs kilomètres à pied sans avoir rien pris. J’ai vu
un Haïtien se faire tuer, son assassin m’a vu et poursuivi. J’ai réussi
à m’échapper et une fois chez moi j’ai juste pris cette valise… En
chemin, j’ai constaté que plusieurs autres Haïtiens couraient avec leurs
enfants pour seuls bagages », témoigne Estiverne Dérameau un rapatrié
qui a traversé à pied la frontière par une localité ou les voies de
pénétration sont très difficiles.
Plusieurs autres rapatriés Haïtiens se sont rencontrés sur toute la ligne frontalière de Malpasse et Fonds-Verrettes.
Une situation qui alarme les habitants de Fonds Verrettes. Sans
assistance, ces immigrants qui fuient le territoire voisin pourraient
voir leurs conditions s’aggraver dans une commune déjà précaire.
« J’attends que le calme revienne pour retourner [en République
Dominicaine] et continuer à gagner ma vie, car je n’ai pas de famille en
Haïti pour m’accueillir ni me donner une assistance », explique
Dieuseul Joachim, rencontré à Palmis Tanpé, une autre localité d’accès
difficile.
Plusieurs attendent que la situation se calme pour retourner en
territoire voisin. C’est le cas par exemple de plus de 10 Haitiens de
Neiba qui se sont abrités à « Bwa nègès », une localité où aucune
structure ni refuge ne les a accueillis.
Beaucoup d’Haïtiens laissent aussi Puerto Escondido et Duverger deux
zones frontalières Dominicaines situées au voisinage de
Fonds-Verrettes, de crainte d’être tués.
Le 21 janvier 2012 à Puerto Escondido, « Melando » un Dominicain
ainsi connu a été tué à coups de machette par un Haïtien du nom de
Poligene Paul et surnommé « Tipal ». Le souvenir de la colère des
Dominicains est encore vif.
Une autre inquiétude concerne les Haïtiens qui vont en République
Dominicaine, tout près de la frontière, pour abattre des arbres destinés
à la production de charbon de bois. Ils sont de temps à autre victimes
de soldats dominicains au fusil plus que leste.
Source : alterpresse.org
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